Cet article a été rédigé par Marian DIMITROV, étudiant du Master ICONES et apprenti au sein de Polytech Nice Sophia (2019 à 2020).
Consulter ses mails professionnels pendant les vacances, la pause-déjeuner ou encore répondre aux appels des managers au cours d’un dîner : l’abolition de la frontière entre vie professionnelle et personnelle est un fait indéniable. La connexion en continu devient une nouvelle source de pathologies pour les salariés. Stress, troubles psychiques, agressivité, burn-out et dépression peuvent être les conséquences d’une hyperconnexion. Dans ce contexte, le droit à la déconnexion est un vrai enjeu pour la santé au travail.
8 salariés sur 10 connectés à leur messagerie professionnelle en dehors du temps de travail
Les chiffres sont édifiants. Selon une étude, plus de deux tiers des cadres utilisent les outils de communication (téléphones, tablettes, ordinateurs) hors du temps de travail. La majorité des salariés prolongent leur journée sur les écrans. Les cadres passent en moyenne plus de cinq heures par jour à consulter leur messagerie. Un salarié reçoit chaque jour en moyenne 88 courriels et en envoie 34, selon une étude du cabinet Radicati. Toutes ces données illustrent une surcharge quotidienne et une forte tendance des salariés à utiliser les outils numériques professionnels pendant leur temps de repos. Le smartphone, a priori un symbole de liberté et de démocratisation, est devenu un standard qui efface les frontières entre les informations personnelles et professionnelles. Ainsi, la vie professionnelle nous poursuit en permanence. Aujourd’hui, il est considéré comme une menace pour la santé au travail.
Les conséquences de l’hyperconnexion sur la santé du salarié
Il y a quelques années les risques de l’hyperconnexion sur la santé restaient encore très hypothétiques. Aujourd’hui l’impact de cette surconnexion est de plus en plus visible. Selon la société Boston Consulting, la surconnexion est identifiée comme un potentiel déclencheur de maladies professionnelles. Le stress permanent chez les salariés peut augmenter les risques d’épuisement professionnel. Nous faisons référence ici au Burn-out mais également au Fear Of Missing Out ou autrement dit le FoMo (l’angoisse de manquer quelque chose). Ce phénomène social est étroitement lié aux outils numériques de la vie quotidienne. De plus en plus de personnes éprouvent ce sentiment qui peut se transformer en véritable souffrance psychique.
Un autre risque inquiète également les spécialités : le syndrome du « jamais à jour ». Il s’explique par une forme d’anxiété sociale entrainant un rapport obsessionnel aux outils de communication professionnels. Marie Pezé, psychologue spécialiste du stress au travail, analyse cette réalité de la façon suivante : « Comme nous sommes presque tous en surcharge de travail, on a tous tendance à grignoter un peu sur le temps personnel pour essayer d’être à jour».
Source: https://www.observatoire-sante.fr/
L’impact de l’hyperconnexion sur le salarié au plan familial
L’hyperconnexion est devenue également une situation très problématique pour la vie familiale. Travailler en permanence les soirs, pendant les week-ends ou lors des vacances déstabilise la vie d’un couple. Travailler de façon excessive génère non seulement une baisse de concentration, du stress et de la fatigue mais aussi de l’irritabilité et des troubles du sommeil. Ces derniers peuvent évoluer vers des problèmes familiaux. Très souvent, les enfants deviennent des victimes de l’hyperconnexion à cause du manque de temps et de patience des parents. L’hyperconnexion peut être une source de tensions et de scandales. Dans des cas plus graves, les premiers symptômes de dépression peuvent apparaître. Il n’est pas rare non plus de voir se développer des conduites addictives (drogue, alcool…) chez ces salariés.
Les effets sur le travail d’un salarié hyperconnecté
Contrairement à une opinion largement répandue qui fait de l’hyperconnexion un risque surtout pour la vie privée du salarié, elle a aussi une influence non négligeable sur la vie professionnelle, notamment sur la productivité du salarié. En effet, certaines études ont montré que rester hyperconnecté peut provoquer une baisse de la productivité au travail : jusqu’à 30%.
Le droit à la déconnexion, une solution ambivalente
Pour lutter contre les conséquences négatives de l’hyperconnexion sur la santé d’un salarié, un sujet qui devient de plus en plus brûlant, la France est le premier pays au monde à voter une loi relative au droit à la déconnexion. Cette loi a pour objectif d’assurer le respect du temps de repos et de congé, de la vie personnelle et familiale.
Pourtant plusieurs spécialistes (psychiatres, sociologues et médecins) remettent en question l’efficacité de cette loi sur la santé du salarié. Ils estiment que le droit à la déconnexion dans sa dimension protectrice engendre aussi des risques et peut à son tour devenir un vecteur de stress.
Source: https://www.calypso-qvt.com
Dominique Servant, psychiatre au CHRU de Lille et auteur du livre « Ne plus craquer au travail », propose l’analyse suivante : «L’hyperconnexion peut rajouter un temps important de travail« . Toutefois, il insiste également sur les conséquences possibles d’un virage à l’opposé. « Parfois, certaines personnes veulent continuer à recevoir des informations et sont déçues si elles ne reçoivent pas de messages », note-t-il. « Dans ce cas, on peut se demander si c’est bien qu’elles ne le puissent plus, si cela permet de décompresser ». Et de conclure : « Il n’est pas simple de légiférer ».
Législation ou pas, tout le monde s’accorde sur un point : les nouvelles technologies sont source d’un stress qu’il est impératif de prendre en compte dans l’organisation du travail. Peu d’entreprises françaises attachent de l’importance à ce sujet, alors même que l’Hexagone est l’un des pays les plus concernés par les problématiques de stress et de burn-out.
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